When peace gives birth to chaos
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Where everything that's true turns false, where teenage is the most powerful poison ever made, there, hope will have to fight for his existence.
 
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 Kids aren't all cute and naive, especially not me

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Lenny Kim Mallender

Lenny Kim Mallender


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MessageSujet: Kids aren't all cute and naive, especially not me   Kids aren't all cute and naive, especially not me Icon_minitimeVen 26 Aoû - 16:34

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FLASHBACK
Kids aren't all cute and naive

Auckland's bottoms districts


La voiture de police dérapa dans un hurlement de freins assourdissant, toutes sirènes hurlantes de concert, un officier perché par la fenêtre avec son arme de service à la main.

"POLICE !! ARRÊTEZ VOUS ! POLICE !
-Mais fermes la et tire bordel de merde, il va pas t'attendre, DUCON !
-Ah, euh ! OUI CHEF !"


Le son des balles déclencha les cris des quelques clochards qui dormaient dans le coin, réveillés en sursaut, paniqués. Le flic au volant écrasa à nouveau sa pédale d'accélérateur, fou de rage, cherchant désespérément à rattraper la silhouette furtive qui s'évanouissait sur les toits. Le rire sarcastique du jeune homme résonnait furieusement entre ses tempes, narquois, ricochant inlassablement.

Ooh, tu vas m'arrêter, c'est affreux... Non, oh pitié, s'il te plait, j'essaie de nourrir mon petit frère... Oh, je t'en prie, j'ai peur, je voulais pas... Visage larmoyant, détresse palpable, il avait baissé sa garde. Une seconde. Deux, peut être, fasciné par le visage et le physique parfaitement proportionné du garçon, par ses yeux verts habités d'une étrange innocence. Sa main s'était desserrée. Un éclair de malice avait transformé le visage mutin, et il avait dégagé son poignet, bondissant en arrière d'un salto arrière digne d'un gymnaste de haut niveau, se réceptionnant souplement sur le couvercle de la poubelle voisine. Pas cette fois, mon grand... Rattrape moi, si tu peux ! Et il s'était élancé. Kazu ne se l'était pas fait dire deux fois.

La voiture tourna l'angle d'une ruelle étroite en criant, réveillant sur son passage des dizaines d'habitants des LDs, le conducteur ne lâchant pas le jeune prostitué des yeux. Il était beau, ça, il l'était. Il l'avait complètement déstabilisé, d'un seul regard éploré. Quelque chose dans sa tête murmura 'Like a geisha...' La ferme, réminiscence du pays. L'adolescent se propulsa en bas des toits, agrippa à une grille rouillée et disparu derrière, dans l'ancien parc en friche, inextricable. Combien retrouvait on de personnes perdues, frigorifiées, dans cet endroit sombre ? Il s'arrêta un instant, sourit, et agita la main avec amusement, un sourcil relevé. Game over, cop. La seconde suivante, il avait disparu.

*

"Quoi ? Les fichiers de la police sur les prostitués mineurs ? T'as fumé quoi, Kazu ? Qu'est-ce que tu veux faire avec ça ?
-Il a les nerfs parce que sa proie d'avant-hier lui a échappé.
-Échappé ? A Kazuhiko ? C'est possible, dites donc, j'en suis toute retournée haha ! Comment il était, ton petit fugueur, dis moi ? Pas brun aux yeux verts et tatoué par hasard ?
-Euh..
-Ah, ah ! Tu as rencontré Lenny Mallender, on dirait. C'est le rejeton de Pearl, cette nana aux cheveux noirs à se damner avec des yeux bleus vifs, tu sais, cette pute qui est immunisée contre la police parce que le gouverneur se la tire. Elle a aussi un autre garçon, un petit loulou qui traîne toujours du côté du centre commercial, un pickpocket. Tu te souviens pas, l'an dernier ? Elle a perdu sa fille, assassinée. Le gouverneur avait retourné le pays pour trouver le tueur.
-Je me rappelle. Lenny tu dis ? Je vais mener mon enquête. Pearl Mallender est protégée, d'accord, mais son fils pas. Et il est en âge de prendre ses responsabilité. Quel âge il a, d'ailleurs ?
-Oh, je ne sais pas, 15 ans peut être. Bonne chance."


L'inspecteur jeta sa veste par dessus ses épaules, et descendit les escaliers lentement. Arrivé au parking, il s'alluma un cigarette machinalement, et pris la direction des low Districts, les 'LDs' comme on les appelait. Il passa devant le night club le plus côté du sud de Chicago, essayant de ne pas penser à l'enquête la plus difficile de sa carrière. Il n'avait jamais retrouvés les types qui figuraient sur la vidéo de caméra surveillance. Il se rappela le visage ravagé par le néant du jeune Peter Chesnet la première fois qu'il l'avait rencontré sur son lit d'hôpital, et se demanda comment Lenny, lui, avait sombré dans la prostitution, vivant aussi légèrement sa condition de garçon abusé et livré à lui même. Il n'avait pas eu la même enfance. Là où Peter Chesnet avait connu l'abondance, la compréhension, le soleil, Lenny Mallender n'avait eu que la faim, le froid, les coups et la grisaille de son presque bidon ville.

Kazu tourna la rue qui menait au campement de caravanes, et freina brutalement au passage d'un énorme chien blanc, suivi d'un enfant d'au maximum 9 ans, rieur, babillant joyeusement autour d'une femme âgée d'au maximum trente ans. Pearl Mallender. Alors pas très loin, il y avait sûrement...
Lenny s'extirpa de l'ombre de la ruelle d'où sortait sa famille d'un pas élégamment nonchalant, habillé simplement d'un short usé jusqu'à la corde et d'un t-shirt blanc qui laissait voir son ventre à partir du nombril. Un garçon vêtu d'un jean et d'une chemise aux manches retroussées, un peu plus âgé, le suivait de près, sa main sur son épaule. Pourtant, il ne le regardait pas avec amour, plutôt avec affliction. L'aîné Mallender ne le regardait même pas, les joues rouges, le regard baissé. Lui, par contre, il était amoureux... Malgré ça, la tension était évidente, prête à éclater. Pas le genre de couple solide, plutôt celui qui repose sur un désir explosif et impossible a satisfaire, sans espoir de construire un jour quelque chose de solide. Le flic gara sa voiture dans la rue qui bordait le parc rempli de caravanes, et descendit d'un mouvement machinal et typiquement flegme japonais.

Pearl Mallender ?

Elle se retourna vivement, comme brûlée, la main se refermant un peu trop férocement sur le poignet de son plus jeune fils. Il se demanda vaguement si elle le laissait tout de même se promener seul après ce qui était arrivé à sa fille aux cheveux d'or, massacrée un an plus tôt et retrouvée dans le même parc que celui qui servait de voie de secours à son aîné. L'enfant grimaça, serrant dans sa main une liasse de billets sûrement fauchés au magasin. Pearl tenait deux sacs remplis de... Pâtes. Et de riz. Même pas de fromage. Kazu s'efforça de ne pas faire de sensiblerie. Il n'était pas là pour ça.

Oui ? Il y a un problème ? Lenny, tu ne t'es pas encore attiré des ennuis, mon chéri, j'espère ?

Kazu vacilla, surpris. Coutumier, alors... Le garçon fronça le nez, impassible, et l'autre retira sa main de son épaule.

Je m'en occupe, Maman. Va aider Jace avec ses devoirs, ça lui fera plaisir, je vous rejoins. Tu restes Jim, ou tu rentres ?
Je vais rentrer.

Pas de protestation, un simple hochement de tête, et tout le petit groupe s'en fut vers la caravane. Lenny, lui, ne bougea pas d'un pouce. Il n'avait pas l'air impressionné le moins du monde, au contraire. Il s'alluma une cigarette, et l'inspecteur constata avec surprise qu'il fumait sans bouger, le poignet casé de côté et la nuque parfaitement immobile, comme un homme aguerri qui sait de quoi il en retourne. Il avait l'attitude et les tours des gangsters des quartiers sud, mais il faisait cavalier seul, et il pouvait en un instant se transformer en un adolescent fébrile, amoureux, inquiet. Face à ce garçon, Kazuhiko ne fit que perdre ses moyens. Il avait voulu l'attraper pour une bonne raison, mais pas une raison professionnelle.

Lenny heurta le mur plus doucement que d'habitude, sans discuter. Il n'y avait pas a chercher loin les raisons pour lesquelles cet inspecteur était là. Il s'était résigné à l'effet qu'il avait sur les hommes depuis longtemps. Enfant déjà, il avait fait gagner beaucoup d'argent à sa mère. La main du flic détacha son short sans hésitation, l'autre fourrée dans ses cheveux, serrant fort. Il ferma les yeux au moment fatidique, chassant de son esprit les hurlements furieux de Jim quand il le reverrait. Parce que Jim savait très bien pourquoi ce flic s'était pointé. Il savait le voir. Par contre, il était incapable de comprendre la raison qui poussait Lenny à continuer dans cette voie. Il avait toujours su, il l'avait rencontré ainsi, et Lenny avait été clair : il n'arrêterait pas, il avait besoin de cet argent. Mais maintenant, après presque deux ans de relation, il ne le supportait plus. L'officier de police le souleva sans cérémonie pour le plaquer par terre, et il laissa libre cours à ses instincts. Il n'était plus à ça près. Il fixait les oiseaux qui se promenaient au dessus d'eux, la grisaille, les quelques feuilles mortes qui virevoltaient, venues du parc en friche.

L'air sentait la pluie proche. Il entendait les chiens, les cris des marchands de soupe, mais pas ses propres cris, ni les grognements de Kazuhiko Taka, l'inspecteur qui s'était mis en devoir de faire cesser la prostitution pédophile d'Auckland. Pour se taper un ado. Et même après son départ, il ne s'entendait pas respirer. Il resta là, les jambes écartées, les bras relevés de moitié de chaque côté de sa tête. Même quand la pluie commença à tomber. Il pensa à Léo, abandonné comme ça dans une ruelle, baignant dans son sang, le regard vide, fixé sur les nuages. Peut être que s'il restait assez longtemps étendu comme ça, quelqu'un viendrait aussi lui couper l'estomac... Peut être. Ce serait si doux, si simple, la fin de toutes ces douleurs refoulées. Peut être. Si seulement...
© LYLOU


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MessageSujet: Re: Kids aren't all cute and naive, especially not me   Kids aren't all cute and naive, especially not me Icon_minitimeMar 30 Aoû - 1:13

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Lenny, 17th birthday, Chicago



If I fall asleep, will you wake me ?...

J'ai hurlé. Fort. A cette heure, personne ne m'entendra. La végétation en friche du Victoria's Park étouffe merveilleusement bien les sons. La pression sur mes poignets s'est faite plus pressante, et la lame aiguisée du cran d'arrêt s'est enfoncée plus profondément dans la chair de mon épaule. Le type debout à côté à lâché un soupir ennuyé, et une main ferme a saisi mon menton pour relever la tête. Je connais ce visage. Mon estomac s'est retourné, et j'ai mordu ma lèvre inférieure avec rage, faisant couler le sang comme un geyser emplissant ma bouche d'un goût métallique devenu familier.
Un mois... Un mois. Est-ce que tu te rend comptes, Kimmo ? Hm ? Est-ce que tu crois que je n'ai que ça à faire, moi, de courir après mes petites brebis ? Hm ? Un mois d'absence. Tu avais dis cinq jours. Et je te retrouve en train de travailler pour un rival, en plein Wellington ? Dis moi, Kim...
Sa chaussure coquée s'est aplatie sur ma main, et j'ai laissé couler un autre cri an sentant mes os se courber, prêts à lâcher. Je savais que j'aurais dû écouter ma raison, je le savais...
Est-ce que tu croyais vraiment que tu pourrais m'échapper ?
Non.. Non, m'sieur... Je suis désolé.
Ah ! Tu entends, Kurt ? Kimmo est désolé. C'est gentil, pas vrai ? Allons, mon petit ange.. TU TE FOUS DE MOI ?!
Un couinement pitoyable brise la barrière de mes dents, et des larmes brûlantes celle de mes paupières. Je me retrouve à supplier, allongé sur le ventre dans la terre glaciale du parc, un couteau acéré planté entre mon omoplate et ma clavicule, douloureusement mouvant ; et la queue d'un sbire de 120 kilos dans le cul. J'aurais jamais du y aller, j'aurais du rester à ma place, bon Dieu, mais qu'est-ce qui m'a pris ?! Je l'entend se moquer, se repaître de la punition qu'il m'inflige, incapable, ce soir, de fermer mon âme à ce qui se passe autour et en moi. Sa main potelée ne cesse de passer sur mon visage, aussi douce qu'elle peut être assassine s'il en décide. Ce salopard !
Tu étais bien pressé de regagner ta "maison"... Y a-t-il des choses que tu ne me dirais pas, Kimmo ? ..Comment ? Ton anniversaire ? Ooh... Si ce n'est pas adorable, à ton âge, de s'en souvenir encore. Rien ne sert de courir, Kim, voyons. Ce n'est pas Pearl qui s'en rappellera. Pas vrai ? ... Pauvre chou. Il me fait de la peine... Termines en avec lui, Kurt, il aura son compte pour cette fois.
Mais M'sieur, z'aviez dit..
Ne DISCUTE PAS, Kurt !
Quoi ? Dit quoi ? Qu'il pourrait me tuer ? Est-ce que je m'en tire alors qu'on avait prévu de m'éliminer, moi aussi ? Et si oui, pourquoi, pourquoi ? Qu'est-ce qu'on me réserve ? Qu'est-ce que je vais devoir faire pour les "remercier de leur miséricorde" ?  Je ferme hermétiquement les yeux, bloquant peu à peu mes perceptions comme j'ai si bien appris à le faire au fil des longues années de services à cet homme monstrueux. Son sbire fini sa besogne en grognant comme un cochon sauvage, et le froid m'enserre d'un seul coup, alors même que le sang jailli de la blessure béante dont il vient de retirer sa lame de dix huit centimètres. La voix de Samrà, lointaine, me revient comme par enchantement. Samrà, morte, elle aussi. "Just close your eyes, the sun is going down... You'll be all rigth, no one can hurt now, come morning light... You and I'll be safe, and, sound..." Je revois ses yeux noirs se poser sur nous, son sourire aimable, sa douceur quand elle nous appelais pour le goûter. Je revois les enfants agglutinés autour d'elle, ravis, innocents. Je peux visualiser parfaitement le visage amer de ma mère, incapable de occuper de ses enfants quand une femme sans enfants pouvait si bien les dompter. Je nous revois, Léo et moi, si jeunes, perchés sur les branches des platanes immenses du campement de caravanes, croyant dur comme fer que rien ne nous arriverais jamais, comme Samrà aimait à nous le faire croire pour nous rassurer et faire passer les cauchemars. Léo, intrépide autant que j'étais poule mouillée, se balançant la tête en bas, tout en haut de l'arbre. Je ne le savais pas alors, à quel point je l'aimais. Je ne l'ai réalisé que lorsqu'il a disparu. Imbécile...

Lenny ! Lenny ! Regardes, c'est un oiseau, juste là, là ! J'enfonce mes mains dans mon écharpe râpée, un rire flottant sur mes lèvres, fasciné par les courses folles de mon meilleur ami sur les petites plages du port. Il galope partout, désigne les mouettes comme si il n'en avait jamais vu, parce que ça l'amuse. Je le regarde rassembler des coquillages, alors qu'il en a des centaines et qu'il ne sait même pas pourquoi il les récupère comme ça. Lenny ! Il neige de nouveau ! Hé, regardes regardes c'est de la neige ! Il s'esclaffe comme un gosse, tournoyant avec ravissement sous les flocons, un sourire immense sur son visage blond argent. C'est là que la voix claque dans l'air, tranchante, sèche. La voix qui nous interpelle, l'homme qui descend vers nous. Le type qui descend, une lame brillante à la main. Je sens mon ventre se tordre et mes yeux s'écarquiller lentement. Il s'arrête à une trentaine de mètres, bien droit. Lenny-Kim Mallender ? C'est toi, non ? J'ai un petit truc à voir avec toi, mon beau... Viens par là... Je regarde Léo, apeuré, mesurant sa propre terreur. Presque inexistante. Je ne réponds pas, recule un peu. Juste ce qu'il faut pour que d'un seul coup, il démarre comme un boulet de canon, nous poussant au demi tour et à la course aussi. Léo saisi mon bras et détale comme un lapin. Il a toujours su démarrer à la course. Moi, moins bien. Je le suis tant bien que mal jusqu'à la jetée du vieux phare, le coeur battant à tout rompre.
Combien de fois avons nous escaladé cette jetée de pierres abruptes ? Pourquoi cela n'a-t-il jamais mal tourné, jusqu'au jour où il aurait vraiment fallu que tout aille bien ?
Je me jette à sa suite dans les rochers, une terrifiante envie de pleurer dans les tripes. Je le vois courir devant moi, et brutalement, plus rien n'existe que les cris de l'homme derrière nous, et le son des vagues furieuses de la marée qui approche, s'écrasant violemment contre les bords du chemin glissant. Glissant. Ça devait arriver un jour, mais pourquoi, pourquoi, pourquoi aujourd'hui ?! Léo !! Je le vois s'arrêter, se retourner, et revenir sur ses pas. Non ! Non, ne reviens pas, Léo, il approche ! NON ! Recules ! Va-t-en ! Mais Léo, reculer ? J'entends le type armé déraper à quelques mètres de nous, et Léo me dépasse comme un boulet de canon. Il y a un son lourd, un son de choc, et un cri déchirant qui éclate dans l'air. je tire désespérément sur mon pied coincé entre deux rochers énormes, et tourne la tête pour voir ce qui se passe. Mon estomac fait un saut périlleux, et j'avise la lame ruisselante, jusqu'à la garde, et le visage de Léo, si pâle... Le type titube, vacille. Apparemment, il ne pensait pas que ça tournerait comme ça. Il bafouille des mots sans suite, recule, recule... Non... Non... Non ! Mon pied cède brusquement, et je valdingue comme un morceau de paille alors qu'il chavire. Les vagues, putain ! Je bondis en avant, saisissant son bras, lui arrachant un hurlement affreux. La marée sera là bientôt...
Yeux noirs, profonds, sur une figure si blanche... Je me cramponne désespérément à lui. Lenny... NON ! FERME LA ! JE TE LACHERAIS PAS ! Tu ne peux pas, Lenny, tu le sais... NON !! Il pèse une tonne, tellement lourd à bout de bras, putain ! Pourquoi il ne s'accroche pas !! Sa main glisse dans les miennes, moites, et il ne me lâche pas des yeux une seconde, alors que ces yeux si noirs se voilent. Pitié, non... Lenny... S'il te plait. Tu me fais mal, là... Non.. Oh, non ! Je t'en supplies, accroches toi, Léo ! Restes avec moi, bordel, tu peux pas me faire ça !! Kimmy... S'il te plait. Nh.. Non ! No-on ! Les ! Les vagues ! Léo !! Sa main glisse, et je replie mes doigts pour le retenir tant bien que mal, n'ayant rien d'autre au monde en tête que le son rugissant des vagues qui se fracassent contre le bout de la jetée. Si il y a vraiment un Dieu, pitié... Une tache rouge sombre s'étale de plus en plus sur le flanc de mon meilleur ami, ruisselante, arrachant lentement la vie de son corps de plus en plus en lourd. Je me cramponne comme un perdu, sans même réaliser qu'il a cessé de parler. Sans rien voir d'autre que tenir, tenir, a tout prix !
Je l'ai senti me tirer en arrière sans vraiment savoir depuis combien de minutes interminables je tenais sa main glacée. Nathan m'a tiré en arrière jusqu'à la plage, et il dit que je me suis débattu comme un possédé. Je ne voyais que lui. Je ne voyais que son corps rougi, ses yeux vidés dirigés vers le ciel qui crachait sa neige immaculée, ses muscles inertes. Ils ont dit que je criais, que je me suis plié de souffrance, que je l'ai insulté même. Qu'ils m'ont tenu éloigné le temps que les sales types qui bossent pour la patron se le tapent comme ça, froid et inerte. Je me souviens de son corps alangui, les yeux immenses, fatigués, les jambes écartées et son t-shirt devenu rouge. Nathan ne m'a lâché qu'une fois ces abominables monstres partis. Aïla pleurait avec une main pressée sur ses lèvres, tremblante d'horreur. Quand il m'a lâché, enfin, je me suis écroulé par terre, à quatre pattes. J'ai avancé comme ça, sans réelle conscience de mes larmes qui réchauffaient la peau de mes joues comme des flammes. Il fixait ce ciel si fort... J'ai posé le bout de mes doigts sur sa joue, réalisant que son visage était légèrement incliné de côté, relâché. Non.. C'est impossible... Pas lui ! L-léo.. Léo... C-c'est pas... Non... Léo !! J'ai vu Aïla faire un mouvement horrifié en me voyant me redresser sur les genoux, et j'ai entendu mon propre cri de souffrance et de haine exploser dans le ciel triste de Chicago. Quand je suis venu à bout de ce cri, sans pouvoir expliquer pourquoi, j'ai senti que quelque chose venait de se briser en moi.
J'ai retiré le cran d'arrêt de sa poche, une petit fiole de métal d'autour de son cou, cet arsenic qu'il portait toujours sur lui en cas d'urgence. Et aussi l'amulette qu'il ne quittait jamais, cette babiole sans valeur. Au fond de ma tête, une voix chuchotait une phrase qui me glaçait le sang jusqu'à il y a deux heures... Blood calls blood, my son... An eye for eye, a tooth for a tooth. Nathan m'a demandé ce que je faisais, et j'ai capté un mouvement de recul quand j'ai relèvé vers lui, soudainement, un regard dont il me dira plus tard qu'il était injecté de sang. Je venge le garçon que j'aimais. Et je jure, devant Dieu et plus encore devant Lucifer tout puissant soit il, que je vais les faire regretter d'avoir osé toucher à Léolys Thorne. Aïla a reculé, lancé un regard effrayé à Nathan.

Le mois de février a étendu ses ailes sur Chicago et son port. J'ai fureté partout. Je savais que Léo n'était pas la victime d'un idiot au hasard. Et j'avais raison. Delgatto, cet enflure, voulait ma peau parce que je ne rapportais pas assez. Mais Léo s'était interposé, et ça avait mal tourné. Alors j'avais cherché dans toute cette putain de ville. Et je l'avais trouvé... A cet instant, alors que le sang bouillant s'étalait en un jet puissant sur mon visage et mon cou, une bête fauve s'était mise à rugir comme si la rage venait de la saisir. Elle dévorait tout sur son passage, me poussant à massacrer littéralement celui qui m'avait volé la seule raison de croire que j'avais jamais possédée. J'ai pensé à Pema, penaude, le matin du premier janvier à ma porte. Enceinte. De lui... J'ai enfoncé sauvagement le cran d'arrêt dans la carotide déjà presque vidée du type, et je me suis redressé d'un bond, ruisselant de sang, croisant les yeux d'un espion de Delgatto. C'est ça... Regarde moi, regarde moi bien et court vite le répéter... Dis le lui. Je l'aurais. Dans trois ans, dix ans, trente ans mais je l'aurais. Et si pour ça, les rues doivent devenir rivières sanglantes, alors, soit. Watch me rise, wanker. I'll be your worst nightmare.



Le vent secoua mes mèches imbibées d'hémoglobine, et j'essuyai machinalement mes yeux, le cadavre encore chaud de Kurt Zanner aux pieds. Je pensai à Jace, à ce qu'il était sûrement occupé à rêver à cette heure sombre. Des merveilles, je l'espèrais. Un sourire énigmatique s'étira sur mes lèvres alors que Nathan traversait la rue, posait ses yeux sur le corps, puis un regard épouvanté sur moi. Il ne me reconnaissait plus, dit-il. Non... Tu ne me connais plus. L'enfant timide et plein d'espoir est mort tout contre le corps glacé du fils Thorne, il y a trois ans, et depuis ma route ne cessera plus de rougir, de ruisseler lentement. Je laissai l'air froid rafraichir mon visage, et essuyai ma lame sur mon jean en m'éloignant sans un mot. Dans le noir, certaines choses voient le jour, vous savez. Et croyez moi, si vous les aviez vues... Vous n'éteindriez plus jamais les lumières.



Dernière édition par Lenny Kim Mallender le Dim 30 Aoû - 16:42, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Kids aren't all cute and naive, especially not me   Kids aren't all cute and naive, especially not me Icon_minitimeVen 2 Sep - 13:13

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Lenny, 14 YO, Chicago



La sirène s'était mise à hurler d'un seul coup, soulevant des mômes de partout comme une volée de moineaux. L'inspecteur Anahera lâcha un soupir fatigué à leur vue, épuisée, observant ses hommes en train d'encercler la zone de voitures hurlantes. Les gamins qui couraient en tous sens lui faisaient toujours mal au coeur. Son job consistait à les arrêter pour les placer, et pourtant, elle savait bien qu'en faisant cela elle condamnait des familles à mourir de faim sans leurs petits pickpockets. Mais ces gamins avaient besoin de vivre une autre vie. Elle se relâcha lentement dans son siège et cessa d'aboyer ses ordres, quand un mouvement inhabituel attira son attention. Tanama était aux prises avec un ado blond argent aux yeux sombres, et un brun minuscule. Celui ci se tourna une seconde vers la voiture de police, juste assez de temps pour la laisser voir un regard aussi vert que l'herbe qui poussait au printemps dans le champ devant sa petite maison de campagne. Vert, et hargneux. Noir, et confiant. Le petit brun fit un mouvement souple avec ses mains, et Anahera vit avec stupeur les bras de son sergent devenir aussi mous que du caoutchouc, pendant de chaque côté de son corps. Les points nerveux... Il a coincé ses terminaisons nerveuses bordel... Un agent se mit à crier sur les deux mômes, sans quitter des yeux les vingts autres encerclés par les autres flics, et l'inspecteur bondit hors de sa voiture pour lui crier de faire attention. Pas assez vite. Le blond renversa son homme habilement, son compère lui faisant subir le même sort qu'au sergent Tanama et ses bras bloqués, qui s'agitait ridiculement en criant la pauvre.

Anahera remonta dans sa voiture et écrasa l'accélérateur, suivant les silhouettes des deux enfants qui grimpaient sur un toit pour se déplacer via les hauteurs de la ville. Le blond courait plus vite et semblait diriger leur stratégie, mais l'autre était dix fois plus souple. En raison, sûrement, de sa petite taille. Pourtant, elle le savait, les mômes ne se serraient pas les coudes entre différents âges. Le blond semblait avoir quatorze ou quinze ans, donc ils devaient être dans les mêmes eaux. Le manque de nourriture, sans doute, avait du frapper le brun plus fort que l'autre. Ana tourna l'angle d'une rue sur les chapeaux de roues, avant de freiner tout aussi brutalement, constatant que les deux enfants venaient en fait de se précipiter... Sur la plage. En sautant de 4 mètres dans le vide. Elle gara la voiture, laissant les sirènes crier, les yeux fixés sur les gamins qui filaient sous la pluie comme si rien ne pouvait les stopper. Elle aboya une demande de renforts dans son talkie-walkie, et descendit un escalier en courant, gênée vitesse grand V par ses escarpins qu'elle abandonna derrière elle sur le sable détrempé. Police ! Arrêtez vous immédiatement ! Un rire clair transperça l'air, et l'enfant brun s'arrêta un instant pour se tourner vers elle, ses cheveux aussi noirs que les ailes des corneilles collés sur son front et ses tempes, une mèche s'arrêtant au coin de ses lèvres pleines sans en être vulgaires. Elle observa ce visage avec une drôle de sensation, avant de comprendre avec la sensation de prendre un coup de poing dans l'estomac. Lenny Mallender. Le fils de Pearl, qu'elle avait un jour nommée meilleure amie. La dernière fois qu'elle avait vu cet enfant, il devait avoir trois, ou quatre ans peut être. Aujourd'hui il la regardait fixement, un rire sincère secouant sa poitrine à peine cachée par le débardeur blanc devenu transparent. Elle pouvait, même à cette distance, distinguer la marque de la prostitution sur ses abdominaux supérieurs. Le garçon blond, lui, portait à l'épaule la spirale des tueurs à gage. Si jeunes...

L'adolescent blond attrapa le bras de Lenny avec une douceur qui prit l'inspecteur de court, lui adressant un sourire tendre, et elle sentit se serrer encore plus fort en les voyant repartir comme des fusées sur la plage. Ce qu'ils avaient tous les deux pouvait leur coûter cher, dans cette ville. Elle se remit à courir désespérément à leur suite, avec au bord des lèvres une envie furieuse de leur hurler qu'ils ne pouvaient pas rester ici s'ils souhaitaient garder vivante cette tendresse qui les liait. Mais ces garçons là ne voulaient pas entendre les sermons qu'elle pourrait leur servir. Les sirènes des renforts commencèrent à hurler sur la rue qui longeait la plage de l'estuaire, et le stratège précipita son petit complice devant lui, sur... NON ! Stop, police !! Lenny Mallender, arrêtes toi ! L'enfant se statufia sur la jetée glissante, et s'il y avait eu du vent, elle aurait sûrement eu droit à une image digne d'une gravure romantique. Mais il ne riait plus. Il posait sur elle un regard mi curieux mi furieux, debout sur ces pierres luisantes de pluie et de sel, dangereuses. L'autre garçon lui toucha à nouveau l'épaule, et ils s'élancèrent une deuxième fois, sautant souplement de pierres en pierres. Elle ne pu s'empêcher de se demander ce qu'ils feraient le jour où, paniqués, ils tenteraient ce coup de maître et le louperaient... Ses homme se ruèrent autour d'elle tandis qu'elle courait toujours, dégainant à contre cœur son arme de service. C'est là qu'elle l'entendit, et que son cœur descendit dans son estomac. Le moteur d'un petit bateau de vitesse, posé dans les remous des vagues en colère au bout de la jetée, l'emblème de Delgatto peint en rouge dessus, en rouge suintant comme... LENNY !! Mais il ne se retourna pas, cette fois, pas avant d'avoir sauté souplement dans le cargo ronflant, la main étroitement liée à celle du blondinet. Il la regarda différemment encore cette fois, avec une tristesse qui voulait dire des tas de choses. Elle vit bouger ses lèvres, lentement. Kaua e mea tetahi ki a  mama... "Ne dis rien à maman..." Elle sentit quelque chose, dans sa volonté, vaciller lourdement. Le garçon blond posa son menton sur l'épaule du prostitué, et elle soupira avant d'abaisser son arme, vaincue. A l'évidence, Lenny Mallender savait ce qu'il faisait.


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MessageSujet: Re: Kids aren't all cute and naive, especially not me   Kids aren't all cute and naive, especially not me Icon_minitimeDim 30 Aoû - 18:21

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Lenny, 19 YO, Chicago



  L'espace d'une simple minute, il exhala la fumée de sa cigarette par la fenêtre les yeux rivés sur le visage détendu de son cadet. Plus trace de plis ou d'inquiétude sur son visage pâle, quelques mèches folles éparpillées sur son front et sur l'oreiller, il avait l'air paisible pour une fois. Avec le temps, et un peu plus d'argent ces derniers mois, ses joues s'étaient renflouées et ses cernes avaient presque disparu. Les placards étaient pleins, le frigo aussi, et les radiateurs diffusaient une douce chaleur dans le petit appartement. Ils avaient connu des jours bien plus durs. Il se demanda un instant si Léo aurait aimé cet endroit, et juste comme ça, sans revenir, les larmes brisèrent ses barrières et il sentit un sanglot serrer sa gorge dans une étreinte de fer.
  Sa main étouffa le son rapidement, et il ferma les paupières vivement pour refouler l'eau, résister à l'émotion qui menaçait parfois de le submerger. Quittant l'avancement de la fenêtre, il gagna le petit vestibule à pas de loups, les épaules secouées par ses larmes et enfila ses chaussures. Il avait besoin de prendre l'air. De se calmer, de refaire la mise au point au lieu de laisser le passé démolir ses pensées.
   En bas de l'immeuble, c'était le désert. Un seul coup d'œil à son portable ; il était un peu plus de quatre heures du matin. Il réalisa qu'il avait manqué ses rendez-vous de la nuit, sans parvenir à se sentir inquiet ou coupable vis à vis des quelques 150$ de manque à gagner que ça représentait. La nuit d'octobre était déjà froide, et il avait du pleuvoir dans la soirée sans qu'il s'en aperçoive. L'air sentait la vapeur et les gaz d'échappement, et la ville avait fait éteindre la plupart des lampadaires. Lentement, l'angoisse s'infiltra dans ses veines, et il se laissa glisser contre le mur de leur ruelle, les mots du médecin qu'il avait consulté la veille dansant dans sa tête, le cœur serré. Il ne pouvait pas y croire. Il refusait d'y croire. Il avait toujours insisté auprès de ses clients, toujours fait attention à lui, mais il ne pouvait rien contre les types qui se pointaient à deux ou trois, et bien sûr…
  Habituellement, c'était la rage aveugle qui envahissait son système, et parfois il s'était effrayé lui même en reprenant ses esprits après une crise de nerfs. Mais cette fois, ça lui semblait infaisable. Il n'avait pas l'argent pour un traitement. Et pas vraiment la force de se lancer dans ce combat. Jace avait grandi, se débrouillait déjà beaucoup sans lui, et lui il avait encore du mal à écrire son nom. Les sanglots remontèrent violemment, presque assez fort pour lui donner envie de vomir, et il posa sa tête contre le crépis, luttant pour respirer entre deux hoquets et l'eau qu'il avalait à moitié. Si seulement il n'avait pas été une telle mauviette plus jeune, Delgatto n'aurait pas voulu sa peau. Et Léo n'aurait pas eu à le défendre. Il serait encore là… Son visage souriant dansa dans sa mémoire, et une plainte pitoyable résonna dans le silence de la petite rue. Sa tête lui tournait, douloureuse comme si un marteau s'amusait à la démolir de l'intérieur. Il sentait venir la crise d'hyperventilation, cherchant à rattraper un peu de contrôle en respirant profondément. La vengeance n'avait rien changé. Plus aucun des hommes qui avaient saccagé la vie de Léo ou d'Oliver n'était en vie, mais la douleur refusait de s'estomper. En dehors des rares photos de lui qu'il cachait dans sa table de chevet, il ne restait rien de Léolys, nulle part ailleurs que dans les souvenirs de ceux qui le connaissaient. Il n'avait personne pour l'attirer contre lui quand l'espoir reculait. Plus de petits regards en coin, de gestes discrets et pleins de connivence. Ce matin, il lui manquait plus que jamais. Il aurait voulu lui parler, juste une dernière fois, juste pour lui dire combien il l'aimait, combien son cœur lui appartenait et lui appartiendrait peut être toujours. Lui dire que finalement, après toutes ces années de souffrances qu'on ne pourrait jamais réécrire, Oliver et Jace allaient quand même avoir un avenir différent de celui de leurs parents. Caresser son visage et ses cheveux, une dernière fois. Un gémissement à peine audible grinça pendant plusieurs secondes dans ses cordes vocales, et il souffla lentement, cherchant l'air et le retour au calme. Il s'était promis d'être fois, il s'était répété toute la soirée qu'à dix neuf ans, il n'avait pas le droit de déjà baisser les bras.

 La lumière du lampadaire au bout de la rue clignota vaguement, et il redressa la tête vivement, clignant des paupières pour évacuer ses larmes salées. Un papillon de nuit et une chauve souris semblaient se disputer vaguement le halo lumineux. Il appuya ses paumes contres ses yeux gonflés, exhala à nouveau et laissa retomber ses mains sur ses genoux. Il fallait qu'il se ressaisisse. Il n'avait pas le droit de laisser vagabonder ses pensées ainsi. Lentement, il tira son cran d'arrêt de sa cache sous son jean et le déplia. La lame pénétra dans le peu de gras qu'il avait encore sur la cuisse, vive morsure d'acier, et l'adrénaline déferla dans ses veines comme un choc électrique alors qu'il sifflait entre ses dents serrées. Même si Jace n'aurait bientôt plus besoin de lui, il avait le droit de vivre pour lui même. Au moins, de vivre pour Léo. C'était un devoir inscrit en lettres invisibles dans le ciel. Il devait se battre, et continuer de sourire, de respirer. Pour le sourire de son frère, et pour trouver sa voie. Il y en avait une, forcément. Il y en a une pour tout le monde, n'est-ce pas ?
 La lumière à la fenêtre de son appartement s'alluma quelques mètres au dessus de sa tête, et il su qu'il était temps de remonter. Il ne voulait pas inquiéter Jace.


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Lenny Kim Mallender

Lenny Kim Mallender


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MessageSujet: Re: Kids aren't all cute and naive, especially not me   Kids aren't all cute and naive, especially not me Icon_minitimeMar 3 Aoû - 13:49

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Weeks gone



  La porte claqua dans ses gonds, se refermant sur l'heure passée. Il s'éloigna sans se retourner, laissant derrière lui les caméras et les regards malaisants des 'réalisateurs', sa liasse en poche et le corps engourdi, vibrant doucement d'endorphines. Il atteignit la rue, tira son paquet de cigarettes de sa poche et s'en alluma une machinalement. Fumer lui occupait les mains. Il avait envie de s'effondrer dans son lit pour dormir, et la faim lui tenaillait le ventre. Et il ne fallait pas qu'il oublie de prendre ses cachets.
,
Il tourna au bout de la rue, optant pour l'itinéraire à travers les petits quartiers. Il n'aimait pas prendre les artères principales de la ville. Bêtement, il s'y sentait jugé et épié, en danger.
Ses semelles trainaient contre l'asphalte, et il sentait sa respiration peiner à reprendre un rythme normal. En général, quand il avait un tournage prévu, il avalait un demi somnifère pour faire passer le tout - mais le prix à payer était un état de tiers conscience pour une bonne partie de la journée. Dans tous les cas, c'était plus facile à supporter ainsi. Il fallait bien mettre les bouchées doubles pour tenir le rythme financier. D'un autre côté, tout ça était plus sécurisant et mieux payant que ses petits coups à la sauvette avec des types louches ou désespérés. Mais une petite voix qu'il haïssait ne cessait de lui demander ce que Léo aurait dit...

Sans pouvoir se l'expliquer, il s'arrêta. Il tira sur sa cigarette, et tourna les yeux vers l'est de la ville, là où se trouvait le lac. Il savait que Jace n'était pas à la maison, et qu'il ne l'attendait pas. Il n'attendait plus que rarement, maintenant. Lenny se doutait bien de la raison, et son coeur se serrait chaque fois qu'il pensait, mais il ne pouvait pas empêcher son frère de prendre ses propres décisions, plus depuis longtemps déjà. Il était loin, l'enfant plein de malice et d'innocence qu'il avait cherché à protéger. Loin aussi, le temps des rires légers quand il lui donnait son bain ou ramenait de la ville un sucre d'orge volé discrètement. Il bifurqua vers l'est.
Ses pas glissaient sur l'asphalte avec la légèreté de ceux qui ont du sauver leur peau plusieurs fois déjà, courir au delà de ce qui est sain. Il avait toujours été petit et léger, silhouette noire et blanche confondue avec son décor, mais il avait quand même du fuir les descentes mensuelles des brigades de polices. Le ciel gris accompagnait sa marche solitaire, et il avait cessé de penser.

Il atteignit les berges du lac une petite vingtaine de minutes plus tard. Il avait commencé à pleuvoir. Une pluie aussi fine que discrète, plus compagne de marche que véritable intempérie. Sa tête était lourde, son cerveau pas plus fonctionnel qu'une grosse boule de coton. Il alluma une énième cigarette, tira dessus, et sentit vaguement glisser sur son visage une larme qu'il n'aurait jamais pu pouvoir encore versé tant il en avait déjà laissé couler. Il ne bougea pas un seul muscle pour l'essuyer. A quoi bon ? La peine semblait ne jamais reculer. Chaque soir, la chaleur de bras disparus lui manquait cruellement, et il laissait vagabonder ses pensées sans but, se demandant si là haut, il y avait quelque chose et si oui, Léolys le regardait-il à présent ? Autant de pensées inutiles et douloureuses, qu'il ne pouvait pas - ou ne voulait pas - stopper.
Il s'assit au bout du petit ponton de bois pourri sur lequel ils s'étaient embrassés pour la première fois et frissonna. Il pleuvait, et il n'avait pas de veste sur le dos. Rien qu'un chemisier léger, un jean et ses tatouages pour lui tenir chaud. La surface de l'eau renvoyait des reflets d'argent vers le ciel métallique. L'odeur de son propre parfum lui revenait vaguement au fil des mouvements de la brise. Il se frotta les yeux férocement, luttant contre le sommeil. Un mouvement dans son champ de vision latéral le tira alors brusquement de sa rêverie. Il se redressa vivement, plissa les yeux vers la ruelle où quelque chose avait bougé, et une brique de glace descendit dans le creux de son estomac.

Saisi, il sauta sur ses pieds et quitta le ponton, le corps en flammes, effrayé. La silhouette, à, dans la ruelle, il aurait juré... Mais ce n'était pas possible, c'était tout simplement impossible, il le savait bien. Il cligna plusieurs fois des paupières, fit quelques pas vers l'endroit, hésita à nouveau. Son coeur lui frappait douloureusement les côtes. Un bruit sinistre résonna au dessus de sa tête, et il distingua un grand corbeau qui planait au dessus du lac. C'était lui qui croassait. Un frisson qui ne devait plus rien au froid lui secoua les os, et il avança à nouveau vers la ruelle, les cheveux hérissés sur la nuque.
Il n'y avait rien. Rien. Du moins, rien d'autre que deux empreintes bien distinctes, grises sur l'asphalte noirci par la pluie. Il trembla dans sa propre peau, secoué par un effroi étrange, et chercha frénétiquement une trace, un signe de vie, quoi que ce soit d'autre qui puisse lui montrer qu'il n'avait pas rêvé, ou bien que quelqu'un était là, et qu'il le confondait simplement parce qu'il avait passé trop de temps à divaguer dans ses souvenirs. Le corbeau lança son cri à nouveau, et le vent balaya la plage de galets de son souffle froid. Au loin, un bateau klaxonna sourdement. Mais dans la petite rue déserte, pas le moindre signe de vie. La lèvre inférieure de Lenny Mallender vibra tristement, et il ravala ses larmes en prenant ses jambes à son cou.

Il était loin de l'appartement, et ne courait même pas dans sa direction. Il courait le long de la berge, vers le nord, une douleur cuisante dans la poitrine. Au fond de son esprit, l'idée fixe. Il ne voulait pas rentrer ce soir. Comme cette soirée bien longtemps avant aujourd'hui, après sa première nuit de travail forcé, peu avant son anniversaire. Treize ans. Un âge important, disait sa mère. Il avait souffert, pleuré, supplié, et il avait fui. Il avait détalé dans les rues, ses larmes sèches brûlant sa peau pâle, jusqu'à ce qu'il soit si loin que les lumières de la ville ne soient réduites qu'à de petites luciles sur la toile sombre qui s'étendait à ses pieds. L'acide lactique lui faisait souffrir le martyre, et dans un éclair de terreur, il s'était demandé s'il parviendrait à retrouver son chemin. Alors il avait activé la position GPS de son portable, message muet et désespéré à la seule personne au monde qui le chercherait peut être. L'air glacé et la nuit sombre lui avaient fait tourné la tête, et il s'était demandé si, en restant ici, les ténèbres finiraient par l'avaler et faire de lui une part d'elles.
Il courait dans cette même direction, mais il n'avait plus la même endurance. Ni personne pour venir le chercher dans les bois juché sur une moto volée. Et le froid semblait venir de l'intérieur de son être ces temps ci. Il atteignit le bout de la berge quelques trois kilomètres plus loin, s'arrêta presque abruptement, posa les mains à plat sur ses genoux, assailli par les souvenirs, les émotions, revit la vague image du jeune homme dans la ruelle, et les barrières qu'il avait érigé dans son système psychologique se rompirent. Il desserra les dents, regarda devant lui les vagues argentées du lac et laissa éclater dans le vent un cri qu'il avait bien trop retenu. Les larmes coulaient toutes seules entre deux hoquets et un gémissement, et rapidement, il se retrouva assis dans les galets mouillés, sous la pluie.

Quand la tristesse eut tari, il était tard, et il la ville avait presque cassé de frémir derrière les docks abandonnés. Il extirpa son portable de sa poche. Aucun appel manqué, un sms de son frère. 'Tu vas bien ? :/ ' Il envoya un emoji, petit pouce en l'air, et enfonça à nouveau le téléphone dans sa poche. Il allait attraper froid s'il restait là, et ce n'était pas bon. Il repensa à la ruelle. Peut être qu'il devenait fou, cette fois. Pas étonnant, dans le fond, si ? Il frappa son jean du plat de la main pour se défaire des débris accrochés aux fibres de tissu, et suivi son chemin en sens inverse, lentement. Il avait faim ; un peu.
Il repassa devant la toute petite tranchée de goudron. Rien, toujours. Il continua sa route. Le vent soufflait fort maintenant, soulevant parfois son chemisier léger. Il marcha jusqu'à certaines des artères secondaires de la ville, et héla pour la seconde fois de sa vie un taxi. L'homme ne lui adressa pas un regard, hocha la tête quand il lui énonça l'adresse, et se contenta d'un demi sourire et d'un signe de la tête quand le brun régla sa course, ajoutant un généreux pourboire. "Pour votre discrétion." Oui, car il l'avait bien vue, l'étincelle de reconnaissance dans ses yeux chocolat quand ils s'étaient posés sur le tatouage découvert au dessus de sa ceinture. Celui qu'apposait son ancien clan dans la peau de tous les jeunes 'renters'. Ceux qu'on 'loue' pour le plaisir. Tous les hommes de Chicago l'avaient déjà vu...
Lenny quitta la voiture sans un mot de plus, pinça les lèvres, et avança dans les rues qui bifurquaient depuis le petite place dont il avait donné l'adresse. Le crachin tombait toujours. Il gagna son immeuble, se figea en croyant voir à nouveau quelqu'un sur sa droite puis se secoua mentalement. Assez maintenant.
Le petit appartement était désert, silencieux. Il alla prendre une douche, se fit couler un café, et se glissa sous les draps avec soulagement. Le matin, peut-être, apporterait un peu de calme dans l'orage de ses pensées. Mais probablement pas. Dans tous les cas, il avait un tournage à 20h le lendemain, et il ne fallait pas qu'il cerné. Il soupira, se plia sous la couette, et lâcha prise. Après tout, à quoi bon se faire des rides ? Et juste comme ça, la paix s'empara de ses sens et il lâcha prise. Seule le visage de Léo dansait encore derrière ses paupières, et il s'endormit avec un sourire tendre, l'oreiller serré entre ses bras. Un jour, il seraient à nouveau ensembles. Il le savait, dans sa chair. C'était écrit.



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