He'll appear out of nowhere | Asguèir 'Serval' McAmish

Once upon a time…  

Fire

Asguèir s'est enfui de sa famille très jeune. Son père le haïssait, et à l'âge de neuf ans, il a fui la maison familiale sans se retourner, jamais.
Atteint du sida depuis sa naissance, sa mère étant tombée enceinte de lui après l'avoir contracté, il se souvient que sa famille s'occupait peu de lui.
Il a bien entendu beaucoup pleuré et paniqué en réalisant qu'il n'avait ni toit, ni argent, ni nourriture. Mais en quelques mois, il avait trouvé quelques solutions, tissé deux ou trois liens, et attiré l'attention de Michelo Delgatto. Agile, vif et discret, il échappait aux forces de police des dizaines de fois, ainsi qu'aux italiens pendant presque un an. Vol à l'étalage, pick-pocket, fausses larmes pour attirer la pitié, le petit garçon ne reculait devant rien pour survivre. C'est Angelo Delgatto qui mit la main dessus dans une ruelle sans issue, après une course poursuite de vingt minutes, attrapant sa cheville alors qu'il sautait sur le mur pour l'escalader.
Emmené de suite à son père, il a été jeté aux loups au bout de seulement 24heures, présenté aux jeunes prostitués ou futurs escorts. Mais Asguèir ne voulait pas de cette vie, et même s'il s'y plia quelques années, il s'évertua surtout a s'entraîner en cachette pour défendre sa vie et ses intérêts.
Michelo le présenta à Léolys à l'âge de treize ans. Très vite, les deux garçons trouvèrent un terrain d'entente, une complémentarité. Expéditifs, silencieux et mortels, ils travaillaient aussi bien seuls qu'à deux. L'arrivée de Tiago, à leurs presque seize ans, ne mit pas d'eau dans le gaz ; au contraire. L'idée d'un rival, d'une possible menace pour leur statut d'excellence ne fit que les pousser dans leurs retranchements.
Mais l'année de leurs dix sept ans, la perte de Léolys jeta un froid que rien ne put plus réchauffer. Il se jeta aveuglément dans son travail, son surnom de 'Serval' commençant à lui coller à la peau. Plus d'amis, plus d'amusement à proprement parler, plus rien que de l'amertume, de la tristesse et la rage de vivre, de survivre à tout ça. Quand les Bellini et le jeune Taomin commencèrent à chuchoter entre eux, il ne se gêna pas pour y fourrer son nez. Ces trois là ne pouvaient rien mijoter de bon pour le gang de chats. Et qui de mieux que lui pour se faufiler dans les plus petits conduits d'aération du bâtiment pour espionner les trois hommes et poser les micros explosifs ?
Après le blow up, pourtant, il ne se retourna pas pour chercher de leurs nouvelles. Il scanna simplement les articles de journaux, pour être certains qu'ils n'étaient pas morts, et traça son chemin. La maladie gagnait du terrain, mais il la tenait à distance comme il pouvait. Il avait grandi avec les étourdissements et les vomissements, les grippes violentes et les angines qui lui donnaient l'impression qu'il allait mourir à chaque quinte de toux. Il gérait. Il vérifiait régulièrement, dans l'ombre, que Tiago, Giada, Tao, Oliver, Jace et Lenny se portaient bien.
Mais un an plus tard, la rue commença à l'avaler peu à peu, et sa raison avec. Tuer, trouver un endroit où dormir, manger ce qu'on peut trouver ; répéter. C'était son quotidien quand il se décida à reprendre un traitement et rencontra Samuel au beau milieu d'une hospitalisation de plusieurs semaines, à cause de l'hiver qui avait encore failli le tuer. Il n'avait pas dit aux nurses ni aux médecins qu'il dormait presque toujours dehors. Il était allé au groupe de soutiens un peu en désespoir de cause, parce que tout semblait gris et amer ; et finalement ça avait tout changé. Et ce n'était que le début.